Fumer

Le grand cigare, comme le grand vin, est un prince. On ne le fume pas n'importe comment, n'importe où, n'importe quand. On ne le loge pas au hasard."
Zino Davidoff

La dégustation d'un grand cigare s'apparente davantage à la gastronomie qu'à la consommation compulsive d'un quelconque stimulant tabagique, cigarette ou cigarillo. Il appartient à ces miracles terrestres, nés de l'osmose de la Nature et de l'amour des hommes. Ses senteurs rustiques réjouissent le coeur de l'amateur, alors invité à de doux transports. Si l'on devait trouver un alter ego au puro, il s'agirait, sans hésitation, du grand vin. Entre ces deux produits d'exception, il y a plus d'une analogie. D'abord ce raffinement extrême qui transfigure le végétal en une féérie d'arômes inédits. Ensuite, cet ensorcelement des sens qui apporte une gaieté communicative favorable à la convivialité et un apaisement des bleus de l'âme. Certaines personnes objecterons que contrairement au cigare, le vin connaît une plus grande variété, allant des vins blancs aux vins rouges, en passant par les blancs liquoreux et les rouges légers ou charnus. Je serais tenté de penser que ces contradicteurs n'ont jamais goûté plus de deux cigares, car un gouffre sépare un Toscani italien, un Hu Chun chinois, d'un havane ou d'un Dominicain, et les disparités sont grandes entre les marques cubaines. Comme pour le vin, des règles de dégustation sont à suivre pour apprécier pleinement la quintessence du puro.

Le grand cigare est un produit raffiné dont les arômes complexes et la puissance évoluent en cours de fumage. C'est également un produit chargé de sens, conçu avec patience et méticulosité, par des hommes qui se sont efforcés, tout au long du cycle de fabrication, de donner le meilleur d'eux-mêmes pour vous offrir un moment de plénitude. Ses trésors enfouis, attendent, pour vous être révélés, que votre esprit soit disponible, entièrement dégagé de toutes les pensées parasites qui court-circuiteraient le message adressé à vos sens. C'est l'esprit léger, prompt à se laisser charmer, que vous vous préparerez à le fumer, non sans une certaine fébrilité.

Avant d'entamer certains havanes, - tels le fameux Churchill de Roméo y Julieta, l'Esplendido de Cohiba, le Corona extra de Bolivar entre-autres -, il est préférable d'avoir fait bonne chère, car les cigares Cubains ont la particularité d'être copieux. Ils rassasient rapidement si l'on a l'estomac vide, et il serait dommage d'en abandonner la dégustation après seulement quelques bouffées. Cet inconvénient est moins flagrant pour les cigares dominicains ou du Honduras dont la fumée moins dense, permet, pour la plupart, de les fumer à tous moments. Cette impression de satiété est déclenchée par l'absorption de la nicotine qui stimule le nerf pneumo-gastrique. La vertu digestive du cigare est une raison supplémentaire pour qu'un bon repas se termine en apothéose par la dégustation d'un cigare, accompagnée de près par celle d'un Armagnac, d'un Cognac d'âge mûr ou même... d'une excellente eau-de-vie de poire.

Votre appétit satisfait, vous pouvez entreprendre de déguster votre puro. Pour ce moment privilégié, rien dans l'environnement immédiat ne doit venir vous perturber, encore moins vous agacer, cela gâterait votre plaisir. Si vous devez fumer dans un lieu public comme un bistrot, un restaurant ou chez des amis, souciez-vous de votre entourage pour anticiper toute réaction hostile à votre égard. Faites ce petit effort si vous ne voulez pas le regretter par la suite. Installez-vous dans les espaces réservés aux fumeurs, et n'hésitez pas à demander à vos voisins si la fumée de cigare les dérange, cela vous fera pardonner votre caprice. On ne sait jamais. J'ai souvent déclenché des toussotements à ma première bouffée de cigare chez des fumeurs de cigarettes invétérés, ou mieux, des réflexions désobligeantes de leur part. Dans les soirées, cette précaution doit également être observée, au cas où la fumée lourde et forte du cigare, provoquerait des nausées chez certaines personnes. De plus, cela vous fera passer pour un gentleman, ce qui n'est, après tout, pas si désagréable. Un conseil d'ami : si vous devez fumer un double-corona ou un autre gros module en public, requerez l'assentiment de votre voisinage avant de le sortir de votre poche, car sa grande taille pourrait effrayer.

Maintenant que vous avez reçu le feu vert de votre entourage, vous pouvez allumer votre cigare. Auparavant, il vous sera profitable d'opérer une reconnaissance, même si elle doit se faire au détriment de votre impatience. La robe de votre puro doit flatter le regard. Elle doit être soyeuse, luisante et dénuée de nervure saillante. Son aspect renseigne sur son état de conservation. Des taches vertes indiquent la présence de moisissure, le cigare a alors une odeur fade de pourrissement, signe d'une conservation mal maîtrisée. En revanche, des taches blanches ne posent pas de problème. Une cape terne peut dénoncer un dessèchement. Cet indice pourra être confirmé par l'examen du toucher, en comprimant légèrement le cigare près de l'oreille. Aucun craquement ne doit se faire entendre, sinon, cela confirme l'impression initiale. Un cigare qui est souple sous la pression des doigts a été bien conservé, son humidité intérieure est proche de 13 % Ce paramètre est important. Un cigare sec (humidité intérieure inférieure à 8 %) donnera une fumée âcre masquant les arômes, a contrario, s'il est trop humide, sa combustion se fera difficilement et il aura tendance à s'éteindre. Ce dernier défaut peut aussi survenir à cause d'un remplissage trop serré. Pour le savoir, vérifiez la compacité. Pour cela, il suffit de palper le cigare d'une extrémité à l'autre. S'il est dur, le tirage sera difficile, prévoyez une incision du diamètre du cigare.

L'examen de votre cigare, vous a renseigné sur ses éventuels défauts et vous a laissé entrevoir ses promesses. Il est temps d'inciser sa tête, c'est-à-dire l'extrémité fermée que vous tiendrez en bouche, le pied étant la partie ouverte réservée à l'allumage. En regardant de près la tête, vous distinguerez plusieurs lignes sombres formant le périmètre. Elles représentent la jonction de la pastille d'obturation fixée à la colle végétale sur le corps du cigare. Sous ce capuchon, dans le cas d'une tête fermée et arrondie, l'extrémité des feuilles qui forment la tripe sont réunies pour former une demi-sphère, venant contrarier ainsi leur sens longitudinal. L'incision permet d'ôter cette partie contrariée afin de restituer une ventilation adéquate. Elle se pratique soit de façon efficace à l'aide d'instruments de coupe adaptés, comme la guillotine ou les ciseaux coupe-cigares, soit avec les dents ou les ongles. Les outils précités tranchent avec netteté. A l'image des Cubains, on peut utiliser ses propres incisives pour décapiter le cigare, mais, ce qui est possible sous leur climat tropical où l'atmosphère très humide permet de le couper correctement, relève de l'exploit sous nos latitudes. Certains se laissent pousser l'ongle du pouce pour ne pas avoir à se servir de leurs dents. A tous ceux qui ne souhaitent pas forcément imiter Hannibal Smith dans la série "L'agence tous risques", ils peuvent acheter une guillotine ordinaire à 30 francs pièce qui fera très bien l'affaire, s'ils ne se mettent pas à fumer essentiellement des modules de gros diamètre. Pour ceux qui désireront trancher tous les cigares y compris les double-coronas et les obus avec facilité, ils feront l'acquisition de ciseaux coupe-cigares. Il existe un coupe-cigares à embout triangulaire en forme de pince qui fait une petite encoche angulaire dans la tête réduisant d'autant le volume de fumée, et qui s'oppose, donc, à une bonne dégustation. On en déconseille l'utilisation pour cette raison. Signalons des gestes transmis d'une génération à l'autre dont il faut éviter la reproduction néfaste. Il s'agit de l'acte consistant à planter une allumette dans la tête du cigare. Cela brise les feuilles et contribue à la formation d'un bouchon de nicotine nuisible au goût et au tirage. Rappelons que la cape d'un cigare ne s'humidifie pas à la salive. Les cigares vendus actuellement dans les magasins spécialisés sont convenablement humidifiés. Cette pratique était liée aux temps révolus où les cigares étaient secs par manque de systèmes de conservation adéquats. Quelque soit votre méthode de coupe, son but est de pratiquer une incision de la taille nécessaire à un bon tirage, c'est-à-dire légèrement inférieure au diamètre du corps du cigare, et que cette ouverture soit perpendiculaire, franche et aux bords nets. Cette opération est très simple pour les obus, il suffit d'enfoncer la tête du cigare à fond dans le trou de la guillotine et de trancher. Un cigare convenablement humidifié se tranchera plus aisément que s'il est un peu sec, la cape ayant tendance à se dérouler. Une fois ouvert, certains amateurs "s'ouvrent l'appétit" en fumant à cru. Les Cubains disent fumar crudo. Cette approche consiste à aspirer à vide le cigare sans l'avoir allumé. Des arômes de tabac frais originaux apparaissent, et donnent un avant-goût du corps et de la richesse, mais restent dans un registre olfactif étriqué. Le poivre est presque toujours présent dans le parfum du cigare "à cru", chez certains, des épices et le cuir peuvent être perçus.

C'est le pouvoir magique de la flamme qui va donner vie au puro, métamorphoser cette matière simplement odorante en une féérie de parfums, en une effervescence de senteurs rustiques, qui charmeront, à la fois, le coeur et l'esprit du fumeur.

 

L'allumage est le point d'orgue de ce rituel tabagique. Sa bonne exécution détermine la qualité de la dégustation. Un geste est à proscrire, c'est celui qui consiste à chauffer le corps d'un cigare à la flamme avant de l'allumer. Cette pratique dessèche la cape et la ruine. Elle date du XIXe siècle, où les fumeurs devaient évaporer la gomme recouvrant certains cigares. Elle ne se justifie plus aujourd'hui. A éviter, également, les flammes qui produisent une odeur parasite, comme celles émises par les briquets à essence, par les allumettes en cire ou par les bougies. L'allumage reste difficile à réaliser mis à part pour les fumeurs chevronnés car il faut que l'ignition soit un disque uniforme. La tripe étant un mélange de trois types de feuilles, elles doivent se consumer ensemble pour équilibrer le corps et la richesse des arômes. Une méthode simple permet, toutefois, d'y parvenir. Il faut tout d'abord, disposer d'une bonne flamme, issue d'un briquet à gaz ou d'une allumette longue à combustion lente de sept à huit centimètres de long. Tenez le cigare entre le pouce et l'index, puis, présentez la flamme à un centimètre devant le pied du cigare tout en lui faisant faire des demi-tours en va-et-vient pendant une quinzaine de secondes afin d'en assécher uniformément la section. Prenez le cigare en bouche, et maintenez toujours la flamme à un centimètre du pied environ, tout en prenant lentement deux ou trois bonnes bouffées, tournez-le entre vos doigts. Une bonne combustion s'effectue sur un plan perpendiculaire à l'axe du cigare, et donne aux cendres, la forme d'un cylindre parfait. Le plus sûr moyen pour y parvenir, est d'éviter de s'y reprendre à plusieurs fois. Même si l'on ne réussit pas à allumer correctement son cigare, il est préférable de ne pas confier cette tâche à une autre personne, car il serait dommage de se priver des sensations des premières bouffées. En ce qui concerne la bague, les avis les plus contradictoires circulent. Alors, faut-il laisser ou enlever la bague avant de fumer un cigare ? Nous nous rangerons sagement au conseil de Zino Davidoff qui préconise de garder la bague afin de ne pas endommager la cape. Pour lui, la laisser ne relève pas du snobisme, mais uniquement de cette "raison technique". Dans le cas, où le fumeur voudrait l'ôter - par exemple pour la collectionner -, il faut qu'il attende que le cigare soit suffisamment chaud pour que la colle soit détruite, c'est-à-dire, pas avant d'avoir entamé le dernier tiers. La mise à feu du cigare a déclenché le compte-à-rebours de votre plaisir, désormais rythmé par le seul crépitement des feuilles de tabac.

Etant entendu qu'un cigare se déguste, il est inutile, et déconseillé, d'en inhaler la fumée. Vous le "crapauterez" comme l'on dit familièrement. Le tirage d'un cigare dépend de sa compacité, de son humidité et de son diamètre. Les fumeurs novices pensent, à tort, que les grands formats sont plus difficiles à fumer que les petits. Or, les cigares de grande dimension ont un diamètre important favorisant le tirage, ce qui se traduit par une aspiration sans effort. On peut même dire que le double-corona et autres churchills sont les cigares les plus faciles à fumer - à l'exception des robustos -, car ils se consument plus régulièrement et ont moins tendance à s'éteindre. Un faible diamètre multiplie les risques d'extinction, la tripe étant plus serrée. C'est le cas du module palma larga, dont la grande taille pour une faible section, le rend difficile à confectionner par les rouleurs. Le tirage est aussi perturbé en extérieur, à cause des courants d'air qui déséquilibrent la combustion, et qui vous volent de précieux moments en compagnie de votre cigare. Pour cette raison, il est préférable de le fumer confortablement installé dans une pièce suffisamment aérée, mais garantie du vent. Pour être exhaustif, signalons un cas rare d'altération du tirage, la contamination du cigare par le coléoptère tabacole (Lasioderma serricorne). Les larves minuscules de cet insecte se nourrissent de la tripe en creusant des galeries. Ce travail de sape n'est décelable que par la présence de petits orifices sur la cape. Ce grignotage occasionne des fuites qui rendent le cigare inconsommable. Mais, soyons optimistes, le vôtre est parfait, et ses précieux parfums vous enivrent déjà.

Déguster, c'est d'abord prêter une attention soutenue aux parfums et aux saveurs de la fumée du cigare. En bon épicurien, vous éviterez de vous distraire en même temps avec des activités trop prenantes. En revanche, rien ne vous empêche d'écouter de la musique classique, du blues ou du jazz, dont le rythme s'accorde bien avec la décontraction.

Le spectre aromatique de la fumée du cigare est principalement apprécié par le nez. L'olfaction est le sens le plus aiguisé. A mon avis, la fumée "légère" des cigares dominicains ou honduriens ne peut être appréciée qu'en faisant passer une partie vers le nez, et ceci, à cause de la faiblesse de leur amertume. En effet, le goût, à travers les récepteurs de la langue, n'identifie que quatre saveurs fondamentales, qui sont l'acide, le salé, le sucré et l'amer. Ainsi, la fumée dense des havanes se goûte, car elle a une amertume bien marquée. Ce qui n'empêche pas, que pour en profiter pleinement, il est nécessaire d'en faire ressortir une partie par le nez, à peu près une aspiration sur deux. Pour ce qui est du rythme de fumage, il dépend uniquement de l'envie. Evitez, toutefois, de mordre ou d'imbiber de salive la tête du cigare, cette manie perturbe le tirage.

Les maîtres cigariers Gérard de Genève ont coutume de distinguer trois phases distinctes dans la dégustation correspondant approximativement aux trois tiers d'un cigare. La première phase qualifiée de foin appartient au premier tiers. Les arômes sont discrets, des éléments irritants considérés comme des défauts peuvent apparaître, se traduisant par un piquant à la langue, une cuisance aux joues ou une âcreté à la gorge. La partie centrale ou divin, révèle la qualité du cigare. La puissance s'affirme, les parfums initiaux se complexifient, d'autres apparaissent. Les saveurs comme le sucré, l'acide ou l'amer se discernent bien. La fumée donne alors le meilleur d'elle-même. Le derniers tiers ou purin voit la montée en force de l'amertume qui devient franchement désagréable vers la fin. Ce dernier stade est celui où le cigare, devenu un véritable filtre, accumule nicotine et goudrons. Afin d'éviter que le dégoût ne l'emporte, il est conseillé d'abandonner le cigare une fois cette partie entamée. Mais, là encore, le libre arbitre de chacun doit être respecté. A l'interrogation de ses clients sur le moment de l'extinction, Gérard fils, cigarier de Genève, a coutume de répondre par la maxime suivante : "Un cigare se fume jusqu'au bout du plaisir." Pour ma part, j'ai beaucoup de mal à lâcher un cigare qui m'a comblé, et le fumer jusqu'au bout des doigts ne me dérange nullement. Les arômes et les saveurs du cigare sont formées par les trois types de feuilles (volado, seco, ligero) qui composent la tripe. Le seco a la vocation de donner l'arôme, tandis que le ligero assure la puissance et le volado une bonne combustion. Une idée reçue attribue la force des cigares à la couleur des capes. La puissance croîtrait des couleurs claires aux couleurs sombres. S'il est vrai que les capes dégagent un parfum, il est infime et ne peut, au mieux, qu'accompagner les arômes puissants développés par la tripe. La plupart des fabricants, toutefois, respectent ce code d'équivalence dans l'élaboration des cigares.

De façon semblable au grand vin, il est ardu de qualifier les arômes qui sont présents dans la fumée d'un puro. Cela requiert une éducation poussée de la mémoire olfactive. Jean Lenoir, auteur du "Nez du cigare", distingue six arômes de base : le poivre, la mousse de chêne, la terre humide, le cuir, le musc et le caramel. Schématiquement, les Dominicains ont une senteur dominante de foin coupé, typique du tabac de tripe olor dominicano. Les havanes se distinguent du point de vue olfactif par leur puissance significative et par une gamme orientée vers les épices et les senteurs animales (suint, gibier, cuir). D'une façon générale, la grande taille des cigares développent mieux puissance et arômes. Les différences de force entre les puros impliquent, si l'on désire en fumer deux d'affilée, de déguster le moins corsé avant le plus corpulent. Le jugement d'un cigare s'établit à l'aide de trois critères qui doivent être équilibrés. Le corps réunit la force et le volume olfactif, il définit l'intensité des sensations qui recouvre à la fois le caractère nicotineux et la densité de la fumée. La richesse comprend la variété et la qualité des arômes, leur harmonie et leur distinction. Enfin, la persistance aromatique est comparable à la longueur en bouche du vin, elle qualifie la capacité des arômes à être durablement ressentis. La tradition veut que l'on résume son appréciation par une expression imagée, du genre "un dur dans un gant de velours ".

Néanmoins, un cigare ne peut en aucun cas se réduire à une notation ou à une équation. Chaque fumeur à ses goûts bien affirmés, dont le vécu personnel rend compte. La fumée d'un puro parle autant au conscient qu'à l'inconscient, et ramène chacun à des souvenirs de senteurs baignés dans un contexte qui échappent à l'analyse.

Il peut arriver que vous ayiez trop parlé, et que vous constatiez que votre cigare s'est éteint. Vous devez préalablement enlever toute la cendre avec une allumette, puis, le cigare en bouche, vous procédez de façon identique à l'allumage. Lorsque vous décidez d'arrêter de fumer, il convient de ne pas écraser le mégot de cigare au fond du cendrier, car ce geste révulse esthétiquement. Quoi de plus répugnant à la vue qu'une boule de tabac chiffonnée au milieu de ses cendres. Laissez-le s'éteindre de lui-même. Dès que tout signe de combustion a disparu, débarrassez-vous de vos reliefs de tabagie, pour ne pas à avoir à supporter l'odeur nauséeuse des cendres froides. Une bonne aération de la pièce où vous fumiez s'impose, surtout, si vous ne désirez pas mettre à rude épreuve la sensibilité olfactive d'une présence féminine.

La dégustation procure bien du plaisir, mais aussi parfois, des déceptions. Votre vitole préférée peut s'avérer décevante quelques temps après, lorsque vous la fumez à nouveau. Il faut être indulgent, car le cigare est un produit artisanal essentiellement constitué de tabac, une ressource naturelle qui, en tant que telle, subit les aléas climatiques. C'est la raison pour laquelle, elle peut présenter au cours du temps des qualités légèrement différentes susceptibles d'être perçues par les fumeurs. De plus, le cigare est un produit vivant, donc fragile, sensible aux conditions de conservation qui, si elles ne sont pas constantes tout au long de la chaîne séparant la fabrication de la dégustation, peuvent en modifier le goût. Alors, souvenez-vous-en, aussi bien lorsque vous serez dépité, que lorsque la dégustation d'une vitole identique dépassera toutes vos espérances.