L'allumage
C'est une des questions auxquelles nous sommes particulièrement sensibles. En effet, étudier la manière dont une personne allume son cigare vous permet de mesurer son degré de respect de la vitole qu'elle va s'apprêter à déguster. Dans ce domaine, comme dans tous ceux ayant trait au cigare, il n'y a pas de dogme, ni de postulat. Cependant, certaines évidences s'imposent et il convient de les rappeler. |
LE MATERIEL
Votre cigare est un produit végétal porteur d'arômes et de senteurs. Pour l'apprécier en connaissance de cause, vous avez tout intérêt à préserver les qualités de votre vitole. Pour cela, l'outil que vous utiliserez ne doit pas "maltraiter" le cigare. C'est pourquoi vous refuserez l'emploi de tout instrument émettant une odeur couvrant celle de votre module.
L'utilisation d'allumettes ou d'un briquet à gaz, donc inodores, sont donc à recommander. En ce qui concerne celles-là, privilégiez les longues allumettes spécialement conçues pour le cigare. D'une part, elles sont plus agréables à utiliser et susciteront, à coup sûr, la légitime admiration de votre compagne. D'autre part, elles peuvent exhaler une odeur particulièrement agréable, généralement de cèdre, qui participe du plaisir du cigare. À titre personnel, c'est mon moyen d'allumage préféré, car le plus léger en poche. Enfin, si votre vitole est trop humide, par exemple, leur longueur vous laisse le temps d'allumer sans brusquerie votre module préféré.
Pour ce qui est des briquets, peu importe l'origine, simple Bic® ou fastueux Dunhill® (liste non limitative). Il est seulement impératif que l'engin soit à gaz et non à essence. En effet, l'odeur de cette dernière est particulièrement désagréable et pénétrante, ce qui altère le plaisir du fumage. Si vous avez le privilège d'utiliser un briquet "de luxe", pensez à en choisir un avec un brûleur spécialement adapté au cigare. Le brûleur est plus large et permet donc l'épanouissement d'une flamme plus importante que la ridicule flammèche du fumeur de blonde.
LA MANIERE
Après avoir laissé votre vitole s'aérer, une fois sortie de votre humidor ou celui de votre buraliste, vous coupez la tête de votre cigare. À compter de cet instant, vous rejoignez une autre dimension nécessitant sérénité et abstraction de votre envrionnement immédiat. Attention de ne pas vous tromper de sens si c'est un figurado (ex. gamme Cuaba) !
Soit vous enflammez le pied de votre cigare en aspirant par la tête, soit vous laissez la flamme faire son uvre et attendez que le pied soit complètement rougi en soufflant régulièrement dessus. Le mieux est de procéder à des essais et de choisir la technique qui vous apporte satisfaction. Le plus important est de ne pas porter le pied de votre cigare directement à la flamme. En effet, celui-ci s'enflammera certes plus rapidement mais brûlera de manière irrégulière. Vous risquez donc à coup sûr de voir se former un cratère ou un cône, ce qui altèrera la combustion et favorisera les extinctions à répétition de votre cigare. Donc laissez le à 1 ou 2 cm de la flamme. Enfin, après deux ou trois bouffées rapprochées, votre cigare est prêt et vous pouvez recommencer à vous intéresser à ce qui se passe autour de vous !
Il existe une pratique exotique consistant à verser quelques gouttes de cognac ou d'armagnac sur le pied d'un verre à liqueur renversé, d'enflammer le liquide et de porter le pied du cigare près de la flamme. Hum, hum...Il ne m'a pas été possible de vérifier la pertinence de ce choix, vu qu'à chaque fois que l'on me propose l'un de ces breuvages divins, ils atterrissent directement dans mon gosier ;-)
Lorsque vous avez une vitole entourée d'une feuille de cèdre (ex. Romeo Y Julieta Cedros de Luxe n° 3), il est tentant de rouler ladite feuille, de l'enflammer pour assurer la combustion de votre cigare. C'est tentant, mais déconseillé, car le cèdre se consumme très rapidement et irrégulièrement. Vous risquez donc de n'enflammer que vos doigts ou la nappe en damassé de vos hôtes, ce qui, après tout, est un moyen comme un autre d'éviter à fréquenter les premiers fâcheux venus...
Enfin, si vous voyez un énergumène gesticuler avec un Cohiba (encore bagué !) et tirer comme un sapeur sur le malheureux avec son Zippo plaqué argent, là, vous commencerez à mieux comprendre le sens de mes propos situés en début de page ... ;-)