La Culture du tabac à cigaretripe.jpg (6541 octets)

 

 

La description qui suit s'applique avant tout aux havanes, mais les autres productions emploient globalement les même procédés.

Le cigare est un produit naturel souvent comparé au vin (même Si la comparaison est parfois exagérée). Sa qualité dépend directement de celle des feuilles utilisées pour sa fabrication, tour comme celle du vin dépend du cépage utilisé.

Les semis doivent être effectués sur terrain plat, afin que le ruissellement n'emporte pas les graines, recouvertes de paille ou de tissu pour les protéger du soleil (cette protection est retirée progressivement au cours de la germination). Au bout d'un mois environ (pendant lequel elles sont traitées avec des pesticides), dans la deuxième moitié d'octobre le plus souvent, les pousses sont repiquées dans les champs de tabac. Elles bénéficient de l'arrosage des pluies et de la rosée, mais aussi d'une irrigation artificielle au sol.

 

On distingue trois parties sur un plant de tabac le sommet (corona), le milieu et le bas. Lorsque les feuilles commencent à sedévelopper, les bourgeons apparaissent, qui doivent erre retirés à la main pour qu'ils ne nuisent pas au développement de la plante. Les plants destinés à la production des capes des meilleurs cigares (essentielles à leur qualité) poussent sous un voile protecteur de mousseline (tapados), porté sur des piquets, qui leur évite de devenir trop huileuses en réaction à l'agression solaire. La pose de ces voiles de mousseline est réalisée par des hommes juchés sur des échasses.

Lorsqu' arrive l'heure de la récolte, les feuilles sont cueillies à la main, en un seul mouvement. Celles destinées aux capes sont rassemblées par paquets de cinq (les planchas, ou mains). La cueillette se fait en six étapes : libra de pie (la base, dite libre de pied "), uno y medjo (un et demi), centro ligero (milieu léger), centrofino (milieu mince), centro gordo (milieu épais) et corona (le sommet). La libra de pie n'est jamais utilisée pour les capes. Chaque étape demande environ une semaine. Les meilleures feuilles proviennent généralement du milieu de la plante, celles du sommet, souvent trop huileuses pour les capes, servent pour la tripe. Quatre mois s'écoulent entre le semis et la cueillette, pendant lesquels la plante est examinée environ cent vingt fois.

Les capes poussées sous abri sont classées par couleur ligero (clair), viso (luisant), amarillo (jaune), medio tiempo (moyen) et quebrado (brisé). Celles qui ont poussé au soleil sont réparties en volado, seco, ligero et medio tiempo. Les feuilles ligero sommitales ont un parfum très puissant, les seco données par la partie médiane sont plus légères et les volado de la partie inférieure sont utilisées pour faire du volume et améliore+ la combustion. Tout l'art du cigare réside dans le mélange de ces qualités en des proportions qui donneront des goûts plus ou moins puissants tout en assurant une bonne combustion. On classe aussi les feuilles par taille et par aspect : les feuilles malades ou abîmées servent aux cigarettes ou aux cigares de fabrication mécanisée. Un plant peut donner jusqu'à trente-deux capes dont la qualité est essentielle tant pour l'aspect du cigare que pour son goût.

On emporte ensuite les paquets de feuilles dans les séchoirs de la plantation, orientés est-ouest pour que le soleil donne d'un côté le matin et de l'autre le soir~ Température et humidité sont contrôlées en permanence, au besoin en ouvrant les portes (qui sont ordinairement tenues fermées) pour suivre les variations de la température ou des précipitations.Les feuilles sont alors montées sur des perches, ou cujes, à l'aide de fil et d'aiguilles. Les perches, dont chacune soutient une centaine de feuilles, sont hissées à l'horizontale pour permettre à l'air de circuler en bas de la grange. Les feuilles sèchent alors en 45 à 60 jours, selon le temps. La chlorophylle se transforme en carotène et vire du vert au brun. On redescend ensuite les perches avant de couper les fils et d'entreposer les feuilles en les regroupant par type.Ces paquets vont ensuite dans des caisses de bois jusqu'à l'escogida, ou atelier de tri. Les feuilles sont séparées puis humidifiées et aérées avant d' être aplaties et ficelées en paquets de cinquante. Elles fermenteront alors sous des toiles de jute entre un et trois mois selon leur type, les capes étant les moins fermentées. Elles se libéreront ainsi de leur ammoniaque et d'autres impuretés. Lorsque la température d'un paquet atteint 44 'C, on le retourne pour une fermentation bien homogène. Cette opération est parfois répétée plusieurs fois.

Les feuilles sont alors triées (selon la tradition, par des femmes) en fonction de leur destination : cape, sous-cape ou tripe. Ce tri peut comporter une cinquantaine de catégories différentes, selon la couleur, la taille et la qualité. Puis vient l' écotage, opération pratiquée dans le despalillo qui consiste, une fois les feuilles cassées écartées, à retirer la nervure centrale des feuilles avant de les aplatir. Les feuilles de cape seront écotées plus tard, à la manufacture. Les feuilles sont ensuite humidifiées et couvertes d'une toile sous laquelle elles vont connaître une nouvelle fermentation (60 jours pour les ligero 45 pour les seco et volado, 35 à 40 jours pour les capes, à une température légèrement plus basse) avant de subir un dernier tri.La fermentation permet d'uniformiser un peu les arômes du tabac mais diminue surtout sa teneur en acidité, goudrons et nicotine, rehaussant ainsi son goût.Les feuilles peuvent alors être acheminées vers les manufactures ou les entrepôts, dans des ballots d'écorce de palmier, nommés tercios, qui préservent leur teneur en humidité pendant une période de maturation pouvant atteindre deux ans.

Ces opérations de sélection et fermentation, essentielles à la réussite d'un bon cigare doivent être l'objet des plus grands soins.